Le rôle essentiel d’Alexandre Varenne pour la liberté d’expression
6 | 06 | 2024
A l’initiative du Cercle philosophique et culturel fraternité Arverne, une conférence consacrée à l’engagement d’Alexandre Varenne pour la liberté d’expression et la liberté de la presse a réuni une centaine de personnes à Murol (Puy-de-Dôme). Donnée par Jean-Yves Vif, ancien rédacteur en chef de La Montagne et conseiller de la Fondation Varenne, cette conférence a permis de mettre en lumière l’œuvre et la démarche du fondateur de La Montagne, homme politique trop méconnu.
L’analyse des éditoriaux publiés entre le 4 octobre 1919, jour de la création de La Montagne et le 11 février 1947, date de dernier éditorial de son fondateur, situent la dimension de l’action d’Alexandre Varenne, journaliste engagé et éditorialiste enflammé. Sa liberté de ton et son engagement sans faille au service du « bien public » demeurent une exception dans le monde de la presse et de la politique avec un legs de quelques milliers d’éditoriaux témoignages d’une carrière guidée par l’humanisme. En ce début de XXIème siècle marqué par un affrontement entre les populistes et les élites, le propos de Varenne n’a pas pris une ride. Publiés en Une de La Montagne, ses textes en effet ne se limitent pas à séquencer la marche du monde par des incantations. L’ancien compagnon de Jaurès, devenu plus tard avocat de Blum et Zay, préfère user de sa connaissance du monde politique en poursuivant sans relâche le chantier de la construction d’une société de progrès. Son écoute permanente des lecteurs et sa connaissance de la marche du monde nourrissent chaque jour une ligne éditoriale inventive.
Valeurs constantes
Toujours, Varenne part et repart des faits, ne transige pas avec eux. Puis, il les commente et souvent pousse plus loin par l’analyse. L’indépendance du journaliste et du patron de presse précèdent régulièrement l’action politique et l’éclaire.
Le fondateur de La Montagne s’inscrit pleinement dans le grand mouvement de liberté d’expression et de liberté de la presse qui marque les républiques françaises depuis la révolution. Ainsi, le député Varenne a-t-il joué un rôle primordial dans la création du statut des journaliste en 1935, plaçant au premier plan de la réflexion l’arme éthique et déontologique ! En 1948, la liberté d’expression de la déclaration des droits de l’homme est réaffirmée par l’ONU en lien avec les réflexions de Varenne décédé un an plus tôt. Au XXIème siècle, les outils numériques et la force des réseaux sociaux bousculent le rôle de la presse et du journalisme souhaité par Varenne. Mais son grand dessein de la liberté d’expression en étroite communion avec la liberté de la presse demeure d’actualité. Varenne le républicain humaniste était attaché à une vision résolument réformiste et progressiste de la société laquelle implique sans doute que l’éducation au numérique constitue un enjeu majeur.
Le dialogue avec l’assistance a permis de situer l’actualité de l’engagement de ce grand homme de presse résumée par le titre de son premier éditorial du 4 Octobre 1919 « En avant ».
Jean-Yves Vif